
Présenté comme un court roman féministe avant l’heure, ce petit livre dont l’histoire serait banale aujourd’hui – un homme et une femme se rencontrent lors d’un voyage et se plaisent sans pour autant avoir de projet de vie commun – a pourtant fait scandale lors de sa parution en 1838 dans une Suède protestante et conservatrice.
À seulement vingt-quatre ans, Sara Videbeck dirige seule la boutique de maître verrier héritée de son père et entend bien conserver son indépendance à tout prix, souhaitant avant toute chose ne pas revivre la même histoire que sa mère, détruite par une vie de couple désastreuse. Visionnaire, la jeune femme explique à Albert, ce beau sergent tombé sous son charme, qu’en aucun cas elle ne souhaite s’unir par les liens du mariage. Dépendre d’un autre ou lui infliger sa présence toute une vie en vertu d’une simple bénédiction lui semble terriblement dangereux et inique.
Je n’aurais probablement jamais ouvert ce livre s’il ne m’avait été envoyé par la box littéraire Exploratology, et je souligne l’originalité de ce choix malgré une écriture trop surannée à mon goût pour que je puisse vraiment apprécier l’ensemble.
« Ce qui est terrible – et on n’y peut rien -, c’est qu’un être puisse être en position qui lui permet d’en détruire un autre. Et cela ne fait pas progresser le glorieux amour de Dieu sur terre. Jamais je ne veux avoir ce pouvoir sur quiconque, ni le donner à quiconque sur moi. »
« Si Dieu lui-même nous inflige une peine à laquelle nous ne pouvons nous soustraire, nous devrons la supporter patiemment, car cela, c’est une épreuve. Mais les vexations venant des êtres humains ne méritent pas le nom d’épreuves, elles sont évitables et doivent être évitées.«