Loin de mes lectures habituelles, ce polar intense et hors normes m’a saisie par son réalisme.
Les heures d’Adam Sarkis en tant qu’agent de la police militaire sous les ordres de Bachar al-Assad en Syrie sont comptées. Il sait de source sûre que son allégeance à une cellule rebelle de l’Armée syrienne libre va être révélée sous peu aux tortionnaires pour qui il travaille officiellement, aussi sa fuite en Occident et la mise à l’abri de sa femme et sa fille deviennent-elles impératives. Il les fait partir en premier, promettant de les rejoindre sous peu dans la Jungle, ce nom donné au plus grand camp de migrants d’Europe qui divise les Calaisiens.
Sans aucune complaisance, l’auteur nous plonge en immersion dans un monde parallèle où des ethnies s’affrontent et où des enfants peuvent servir de jeux sexuels en toute impunité. Au sein de cette zone de non-droit, Adam reste un flic dans l’âme et ne peut s’empêcher d’intervenir lorsque certaines situations dégénèrent. Il sauvera ainsi le petit Kilani des griffes des Afghans, s’attirant aussitôt leur haine. Il souhaitera également élucider un meurtre mystérieux et participera à l’arrestation d’un terroriste infiltré dans le camp, moyennant une promesse de la DGSI consistant à faire passer le petit Kilani en Angleterre, la terre promise pour ces milliers d’êtres perdus et déracinés qui attaquent sauvagement les poids lourds en espérant faire partie du prochain voyage.
Rien n’est épargné au lecteur dans ce livre où la cruauté, la cupidité et la lâcheté sont à peine contrebalancés par un humanisme heureusement encore présent et qui malgré la noirceur de l’ensemble permet encore de garder – un peu – foi en l’humanité.
La plume de Victoire 