Une écriture classique et fluide, très agréable à lire, et de belles références historiques et littéraires.
Nous voilà à Londres à la fin du 19ème siècle, en pleine période victorienne durant laquelle les aristocrates anglais attachaient un prix démesuré à l’étiquette et aux conventions sociales. À cette époque-là, on avait le droit de sortir du rang et d’avoir des mœurs « légères » à condition de le cacher soigneusement. La double vie était tolérée uniquement si l’on accomplissait d’abord toutes ses obligations sociales et que personne n’en soit officiellement au courant.
C’est cette « double morale » que découvre Betty lorsqu’elle est embauchée comme gouvernante dans la maison de Suzanne et Nigel Trengove. Entière et d’une intelligence vive, la jeune femme a du mal à comprendre cette société hypocrite dans laquelle elle ne se reconnaît pas. Un soir, lors d’une soirée mondaine donnée par la maîtresse de maison, elle fait la connaissance d’un beau capitaine, Jérémy Ashby, qui succombe immédiatement à sa fraîcheur et à cette spontanéité qui font cruellement défaut à ses semblables. Malgré leur différence de rang, une romance débute entre les jeunes gens.
Betty comprend assez rapidement que quelque chose cloche entre les époux Trengove, et pas seulement parce que Madame a un caractère impossible. Elle surprend Nigel avec un de ses étudiants, William Goodfeather, dans une posture indélicate. Profondément gênée, elle cheminera jusqu’à comprendre l’imposture à laquelle est contraint Nigel ainsi que l’amour sincère qui semble unir les deux hommes. Mais leur entourage n’a pas cette largesse d’esprit… Au même moment se déroule le procès d’Oscar Wilde, qui sera fermement condamné pour son homosexualité ; cette sentence annonçant sa mort sociale et bientôt sa mort tout court, le beau Nigel se projette et comprend que si sa liaison avec William était découverte, il subirait le même triste sort que l’éminent poète.
Malgré la multitude d’obstacles qui se dresseront sur son chemin, la jeune et courageuse Betty tentera à la fois de protéger ses amis, de vivre son amour pour Jérémy et de s’affranchir des codes de cette société bien trop rigide à son goût.
L’ensemble est cohérent et juste, les personnages attachants, un bon moment de lecture !
La plume de Victoire 