
Postapocalyptique et époustouflant, ce livre m’a tenue en haleine d’un bout à l’autre malgré la noirceur crépusculaire de l’ensemble.
Corentin n’est pas né sous une bonne étoile, c’est le moins que l’on puisse dire. Survivant d’une enfance malmenée par une mère qui n’en est pas une, il le deviendra d’un monde qui n’en est plus un.
Au hasard d’une soirée passée avec ses amis étudiants dans les catacombes de la ville, il survit en effet à un souffle brûlant qui dévaste tout sur son passage et extermine la moindre parcelle de vie sur Terre. Hormis les sécheresses toujours plus intenses, rien n’annonçait cette apocalypse, cette sixième extinction de masse. Un instinct primaire pousse les rares survivants vers leurs proches, leurs origines, et l’unique personne que Corentin a alors envie de retrouver, c’est Augustine, son arrière-grand-mère qui lui a pudiquement offert le semblant d’affection et de repères grâce auxquels il s’est construit malgré le cruel abandon maternel.
Commence alors un périple fait de mille dangers à travers des paysages morts, que même la pluie devenue acide ne peut laver. Les souffrances de Corentin, ses peurs viscérales, son espoir aussi, tout sonne terriblement vrai. C’est effrayant et du coup totalement addictif. On veut savoir s’il va s’en sortir, si d’autres êtres humains ont survécu, si la Terre va s’en remettre…
De l’enfant courageux au jeune homme terriblement volontaire, la force de vie prédomine indéfectiblement. Par des phrases courtes et hachées, l’auteure nous emmène dans les territoires intimes de son héros, à la frontière de l’instinct animal et d’une humanité préservée. D’autres survivants basculeront de l’un à l’autre, sans nuances. Il faudra alors protéger les siens, protéger à tout prix la vie qui ne demande qu’à renaître au sein de paysages gris, dans un monde qui a perdu ses couleurs et où le soleil brûle lorsqu’il apparaît.
C’est noir et intense mais aussi sublime et bouleversant. Un grand moment de lecture.
« Ainsi vont les enfants : ils s’en vont. »