
Une réflexion passionnante et profonde sur ce que signifie aujourd’hui le fait de vieillir dans une société obsédée par le jeunisme. Voir cette période de la vie comme un statut à part entière et non comme un naufrage de ce que nous avons été correspond à une forme de sagesse, une manière d’honorer sa condition humaine et de donner du sens à notre vie toute entière. De belles perspectives nous attendent, alors plutôt que de se résigner dans la tristesse, célébrons-les et vivons avec intensité ce que nous sommes à tous les âges de la vie.
« La vieillesse, comme un engagement vis-à-vis de soi-même de ne pas déroger à ce qu’on tente d’être. Être sans arrêt en éveil, dans le vif de l’existence, ne pas se décevoir, tenir bon malgré les embûches et ne jamais se plaindre. Ne pas en faire une histoire. Nombreuses sont les personnes qui pratiquent cet art de vivre discrètement, sans crier gare, comme une seconde nature. Cela suppose un humour certain, une santé de fer, du courage, une prise de distance. La vieillesse ni comme un destin tragique ni comme un ensommeillement généralisé, mais comme un art de vivre. »
« Vieillir, c’est aussi ne pas oublier que la jeunesse respire en vous, que le temps l’a laissée intacte. Nos joies sont jeunes, nos souffrances aussi même quand on est vieux. La vieillesse n’est pas le prix à payer pour tous les bonheurs éprouvés dans le passé. Ce n’est pas un guichet où il faut montrer ses papiers. Ce n’est pas une immobilité mais un mouvement perpétuel, un voyage dangereux mais jouissif où on largue les amarres. Continuer à être soi dans une forme d’innocence revendiquée. »
« Ne plus être dans l’avoir et le faire et le refaire pour s’approcher de son être. »
« L’approche de la mort peut, paradoxalement, être un des moyens de jouir de sa vieillesse. »
« L’âge comme une possibilité d’être en surplomb de l’existence ? L’âge comme l’apprentissage du compagnonnage avec l’idée de néant ? »
« Par définition on ne se voit pas vieillir. Ça nous arrive par accident, par fulgurance. Alors quand c’est soit qu’on voit là, en face de soi, cruel, on se dit : et comment je vais faire pour me trimbaler toute la journée dehors avec cette tête au milieu des autres, pour ne pas me faire remarquer avec cette tête si froissée ? De dos encore personne ne peut me suspecter. Je fais encore illusion. Mais de face ? Jusqu’à quand vais-je m’accepter ? Jusqu’à quand vais-je me « reconnaître » ? »
« J’appelle à une « neutralité » de la vieillesse, pas forcément à une surprotection qui pourrait être lourde à porter, mais à une société qui, loin de la défiance et de la peur qu’elle éprouve, la considérerait comme une valeur forte et active. Ne plus la craindre pour nous permettre de la désirer. Arrêter cette violence qui, de toute part, s’abat sur elle et qui signe aussi l’échec de notre civilisation. Considérer l’âge comme un réservoir de prémices, une possibilité de remplir le monde au lieu de le déserter. »
« Nous sommes tous conviés au même voyage et nous ne savons pas encore comment ni de quelle manière nous allons en affronter le terme. »
« Vivons apaisés dans une société secourable. »