
Lu d’un trait, ce livre crû et corrosif sur l’adultère à l’écriture percutante, aux phrases courtes et suggestives m’a tenue en haleine…
Laure, quadra enseignante à l’université en perte de vitesse, remariée à un médecin généraliste plan-plan et mère de deux filles dont une ado rebelle née de père inconnu, rencontre Clément lors d’un déjeuner professionnel autour d’un projet de colloque. Cadre sup dans la haute finance, il navigue dans des sphères à 300k l’année, où la valeur des individus se mesure autant à leur potentiel de requin qu’à l’aspect de leur bronzage au retour des vacances d’été. Un monde creux mis à mal par la pandémie, dont il cherche vainement le sens, mais ne cherche-t-il pas plutôt à le fuir au fond ? Il vit seul avec un gros Bouvier Bernois surnommé Papa, n’a pas ou si peu de vie sociale, des relations amoureuses épisodiques, pas d’enfant et s’en félicite.
Lorsque surgit Laure dans sa vie, ce sont deux mondes, deux solitudes, deux quêtes qui se reconnaissent et tentent de s’accorder malgré tout ce qui les oppose. Avec une plume acérée, Maria Pourchet décortique les rouages d’une relation passionnelle vouée à l’échec, volontairement analysée sous un prisme sombre et trivial. Pourtant les sentiments affleurent, dérangent, finissent même par convaincre avant que les protagonistes ne s’y brûlent.
Un Houellebecq au féminin ? je ne le pense pas car cette lecture du genre humain ne m’a pas laissée autant d’amertume que celle dudit auteur. Malgré un certain cynisme et une ironie à fleur de page, j’y ai perçu d’authentiques passions.