Blog littéraire

La case de l’Oncle Tom de Harriet Beecher-Stowe

La Case de l'oncle Tom par Beecher Stowe

C’est une chose de savoir que l’esclavage a existé, c’en est une autre de se confronter à son plus sordide réalisme à travers la crudité d’un récit qui malheureusement ne fait que retranscrire ce que son auteure a vu et entendu, comme elle l’explique en conclusion du livre (version intégrale je précise, et non celle adaptée aux plus jeunes).

Nous sommes au 19ème siècle au Kentucky, dans la propriété de M. Shelby qui possède de nombreux esclaves. Il n’est pas un mauvais maître mais il est criblé de dettes et doit se séparer de son meilleur élément, l’Oncle Tom, aussi dévoué qu’honnête et profondément bon. Peu importe que Tom ait une femme et trois jeunes enfants, il est envoyé dans les États du Sud, le cauchemar des esclaves, qui redoutent par-dessus tout de finir leurs jours dans une plantation de coton menée par des Blancs qui les considèrent ni plus ni moins comme des bêtes de sommes. L’idée, validée par les lois et l’Église, selon laquelle les esclaves sont une race inférieure, à mi-chemin entre l’homme et l’animal, justifie toutes les cruautés et les abominations que certains justifient sans le moindre état d’âme. Fouet, torture, injures, séparation des mères et des enfants sont le lot quotidien de ces victimes d’un système aussi choquant que totalement arbitraire.

Et tout ça, c’était il y a tout juste un peu plus de cent ans !! quelle honte….. nous sommes décidément loin du romantisme d’Autant en emporte le vent…

Concernant la forme de l’ouvrage, la traduction est moyenne, les tournures de phrase surannées et l’ensemble est imprégné d’un christianisme omniprésent, mais le message est si fort, si percutant, qu’il se lit vite, tant on espère à chaque page que non, décidément, l’homme ne peut pas être aussi mauvais, aussi aveugle, aussi veule et insensible… eh bien si en fait !

Replacé dans le contexte de l’époque, ce livre apparait comme un vibrant plaidoyer contre un système bien établi mais qui heureusement commence enfin à se fissurer. La France et l’Angleterre y ont déjà renoncé, et les prémices de la Guerre de Sécession ne vont pas tarder à entériner la fin de cette abomination, indigne de l’humanité toute entière.

À lire pour ne pas oublier.

« – Encore mon pays ! Monsieur Wilson, vous avez un pays, vous ! mais moi et mes pareils, nés de mères esclaves, quel pays avons-nous ? quelles lois y a-t-il pour nous ? Nous ne les faisons pas – nous ne les votons pas –  nous n’y sommes pour rien. En revanche, elles nous écrasent, et nous courbent à terre. »

« Une brise d’été, tiède et douce, passait sur sa tête comme le souffle d’un esprit compatissant : brise du ciel, qui ne s’enquiert pas si le front qu’elle rafraîchit est blanc ou noir. »

« Maître a été bien bon, trop bon, mais j’aimerais mieux avoir pauvres habits, pauvre case, tout pauvre, et l’avoir à moi, que d’avoir tout beau à un autre homme ! je l’aimerais mieux, maître ; je crois que c’est de nature. »

« Un dépôt d’esclaves à la Nouvelle-Orléans est une maison bien tenue, qui ne diffère pas essentiellement des autres magasins, et où vous pouvez voir chaque jour, alignés sous une espèce de hangar, au dehors, des rangées d’hommes et de femmes, enseigne de la marchandise qui se vend au-dedans. »

« Quand un nègre crève, j’en achète un autre ; et, en définitive, c’est meilleur marché et plus simple. »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s