Blog littéraire

Fourrure de Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Fourrure par Clermont-Tonnerre

C’est confirmé, j’adore l’écriture d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre ! J’avais eu un coup de cœur pour Le dernier des nôtres, et je me suis régalée avec Fourrure, son premier ouvrage.

J’y ai retrouvé le style à la fois incisif et tendre de l’auteure, son humour, la finesse de ses analyses sur le genre humain, la vivacité du récit …

Ondine Chalitzine apprend la mort de sa mère Zita par les journaux. Il s’agit d’une écrivaine scandaleuse et célèbre, ancienne fille de chez Mme Claude, aussi belle que tourmentée et, pense-t-elle alors, cruelle et futile puisqu’elle lui a préféré sa vie mondaine et de nombreux amants en l’abandonnant chez sa grand-mère à Nice. Elle ne l’a pas revue depuis de nombreuses années et a appris à se construire sans elle, dans la souffrance d’un manque de mère et de père puisqu’elle ignore qui est son géniteur.

Elle découvre ensuite un manuscrit contenant les pensées intimes de sa mère, qui constitue le socle principal du roman. Nous découvrons alors la vraie vie de Zita, petite fille dévastée par la mort de son papa dont elle se sentait si proche, fascinée par le faste de la famille de Vitré, riches parisiens vivant dans l’immeuble cossu où sa mère et elle vivent alors chichement dans la loge de concierge, sa mère obèse qui lui fait honte et qui n’essaiera jamais de vraiment la comprendre. Alors elle fuit la petite Zita, dès qu’elle en a l’occasion elle s’échappe de cette vie trop étriquée pour elle. Mais à 18 ans, sans argent et sans bagages, avec le seul désir d’écrire en tête, ses illusions se brisent sur la réalité et elle saisira l’opportunité qui lui est faite d’intégrer l’équipe de call-girls de luxe de Mme Claude. Sa beauté magnétique et son insolence lui permettront de s’insérer malgré tout dans la haute société des années 70 (à laquelle l’auteure donne d’ailleurs un bon coup de griffe au passage), au grand dam de Solange de Vitré avec qui elle jouait lorsqu’elles étaient petites.

Au fil des pages, nous croisons de multiples personnages qui auront tous une influence décisive sur le destin de Zita Chalitzine, et nous découvrons surtout que tout n’est pas si simple, aussi tranché que les choses en ont l’air, et on s’attache fort à cette héroïne hors normes et flamboyante cabossée par la vie.

« On écrit, je crois, pour parler avec les morts, créer le lien entre le monde des vivants et celui des disparus. »

« Je remerciai et me levai. Il était hors de question que je mette ma fille entre les mains de ces gens-là (ndlr : les pédopsychiatres). Depuis le temps que je leur faisais la guerre à ces simplificateurs d’humanité qui voient les autres comme des amas de problèmes à résoudre, niant leur merveilleuse complexité, détruisant les années de créativité qui leur ont permis d’inventer ces charmants petits TOC, ces névroses passionnantes, ces rituels absurdes et poétiques, ces traumatismes émouvants, ces cicatrices guerrières, ces maladies imaginaires qui font toute l’originalité d’un être. »

« Des confesseurs qui s’entretuent pour des querelles de chapelles, des théologiens qui essaient de faire tenir le vivant, le mouvant, l’émouvant dans la forme contre nature d’une prétendue normalité. »

« La solitude se posait à nouveau sur mes épaules, fourrure qui ne réchauffe pas. »

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