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Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé

Le soleil des Scorta - Poche - Laurent Gaudé - Achat Livre | fnac

Quel livre puissant ! Court mais intense, difficile à lâcher une fois commencé…

L’écriture de Laurent Gaudé est percutante et efficace, d’une redoutable maîtrise qui nous emmène immédiatement dans le sud de l’Italie, sous la brûlure du soleil des Pouilles.

Le destin des Scorta commence avec le retour de Luciano Malcazone dans le petit village de Montepuccio en 1875, dans une ambiance Sergio Leone. Après avoir purgé une peine de 15 ans de prison, l’homme entend bien posséder la femme à laquelle il a pensé durant toutes ces années passées derrière les barreaux. Il croit la retrouver mais il s’agit de sa sœur, méprise qui donnera lieu à la naissance de Rocco, enfant maudit qui aura lui-même quatre enfants dont nous suivons les joies, les peines et les drames de leurs vies d’adultes imprégnés de l’histoire indigne de leurs aïeux.

Peut-on échapper à son histoire familiale ? Peut-on quitter la terre qui nous a vu naître ? Les Scorta, c’est l’histoire d’une famille de l’Italie du sud qui veut défier le temps et les conventions tout en restant soumise aux coutumes d’alors. Certains d’entre eux sont de vrais bandits, des rois de la contrebande et pourtant la solidarité, les liens puissants d’amour et d’amitié qui les unissent et semblent indestructibles forcent le respect.

« Longtemps, l’odeur chaude et puissante du laurier grillé resta, pour eux, l’odeur du bonheur. »

« Tu n’es rien, Elia. Ni moi non plus. C’est la famille qui compte. Sans elle tu serais mort et le monde aurait continué de tourner sans même s’apercevoir de ta disparition. Nous naissons. Nous mourons. Et dans l’intervalle, il n’y a qu’une chose qui compte. Toi et moi, pris seuls, nous ne sommes rien. Mais les Scorta, les Scorta, ça, c’est quelque chose. »

« Ce voyage nocturne l’avait saisi de bonheur. Le bruit des vagues, l’obscurité, le silence, il y avait là quelque chose de mystérieux et de sacré qui l’avait bouleversé. Ces voyages au fil de l’eau. Toujours de nuit. La clandestinité comme métier. Cela lui sembla fabuleux de liberté et d’audace. »

« Lorsque le soleil règne dans le ciel, à faire claquer les pierres, il n’y a rien à faire. Nous l’aimons trop, cette terre. Elle n’offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d’entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil, Elia. Sa chaleur, nous l’avons en nous. D’aussi loin que nos corps se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrissons. Et nous ne cessons de le manger, de le croquer à pleines dents. Il est là, dans les fruits que nous mangeons. Les pêches. Les olives. Les oranges. C’est son parfum. Avec l’huile que nous buvons, il coule dans nos gorges. Il est en nous. Nous sommes les mangeurs de soleil. »

« Les femmes, souvent, lui caressaient alors la joue du bout du doigt. Pour le bénir et le recommander au ciel. Elles le faisaient avec délicatesse comme on le fait à un enfant, car elles sentaient bien que cet homme silencieux, ce passeur taciturne n’était rien d’autre qu’un enfant qui parle aux étoiles. »

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