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Middlesex de Jeffrey Eugenides

Middlesex

Ce livre est assez incroyable. Je n’ai jamais rien lu qui y ressemble en tous cas.

Après avoir mis un (tout) petit temps pour entrer vraiment dans l’histoire et m’attacher aux personnages, j’ai dévoré cette saga mi-grecque mi-américaine, contée par la jeune héroïne Callie (ou le jeune héros Cal ?) qui tisse un lien digne de la mythologie antique entre sa grand-mère Desdemona fuyant Smyrne en feu dans les années 20 et la découverte de son hermaphrodisme à elle en Amérique, en pleine adolescence dans les années 70. Jeux interdits entre frère et sœur et émigration traumatique ne font pas bon ménage et nous imaginons que le gène récessif qui s’exprime chez Callie prend sa source dans l’histoire rocambolesque de ses aïeux…

Entre roman d’apprentissage, chronique sociale, théorie du genre, étude de mœurs, fresque historique, réflexions sur le sens de la vie, la mort… etc etc ! ce livre foisonne dans tous les sens et j’avoue avoir bien du mal au bout de presque 700 pages à me rappeler de tous les détails et références qui inondent cet incroyable récit.

Avec tendresse et ironie, l’auteur nous embarque depuis les collines d’Asie mineure jusqu’aux usines Ford de Détroit puis aux villas cossues de Grosse Pointe, et les histoires de tous les protagonistes s’emboitent si bien que l’on ne voit pas défiler toutes ces vies reliées pourtant les unes aux autres.

Du grand art ! Et un prix Pulitzer bien mérité 😉

« À l’appui de ma croyance que la vie était moins intéressante que ce qu’on peut écrire sur elle, les membres de ma famille semblent avoir passé la plupart de leur temps cette année-là à correspondre. »

« Même s’il ne m’adressait jamais un mot, j’adorais mon chaplinesque papou. Son mutisme me semblait être du raffinement. Il allait avec ses vêtements élégants, ses chaussures à bouts tressés, le brillant de ses cheveux. »

« Qu’est-ce que l’éveil du sexe, d’ailleurs, sinon un état de fugue ? Avant que ne s’installe la routine ou l’amour. Jusqu’alors on procède par tâtonnements anonymes. Ce sexe de bac à sable commence à l’adolescence et dure jusqu’à vingt ou vingt et un ans. Il s’agit d’apprendre à partager. À partager ses jouets. »

« Mets-toi à ma place, lecteur, et demande-toi quelles conclusions tu aurais tirées si tu avais ce que j’avais, si tu ressemblais à ce à quoi je ressemblais. »

« Mais en réalité cela ne dépendait pas de moi. Comme toutes les choses importantes. Je veux parler de la naissance et de la mort. Et de l’amour. Et de ce que l’amour nous lègue avant notre naissance. »

« Mes grands-parents avaient fui leur pays à cause de la guerre. Maintenant, quelque cinquante-deux années plus tard, je me fuyais. Je sentis que je me sauvais aussi sûrement qu’ils s’étaient sauvés. Je fuyais sans beaucoup d’argent en poche et sous le pseudonyme d’un autre genre. »

« La nature vous donne un cerveau. La vie en fait un esprit. »

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