

S’il faut lire une dystopie, c’est évidemment celle-ci ! J’ai profité d’avoir les deux exemplaires, en texte et version graphique, pour me lancer enfin 😉
Effrayant, glaçant, à la fois réaliste et visionnaire dans ce que pourrait être un régime totalitariste poussé à l’extrême, nous suivons avec épouvante les tribulations de Winston Smith, citoyen d’Oceania rattaché au Parti Extérieur. Cette société est fondée sur trois castes, le Parti Intérieur au sommet, cerveau de Big Brother, cette figure symbolique et incarnée par un visage moustachu placardé partout ; le Parti extérieur qui est en quelque sorte le bras exécutant du Parti Intérieur, et les prolétaires, sous-caste presque assimilée à des animaux incapables de réfléchir et tout juste bonne à survivre dans des conditions matérielles déplorables.
Le principe va bien au-delà d’une adhésion forcée à un parti dominant ; il s’agit non seulement de contrôler la vie privée des citoyens mais aussi ce qui fonde leur identité. Les voilà donc enfermés dans une sorte de prison mentale qui interdit les pensées « déviantes » contraires aux idéaux du parti, en somme pour devenir ni plus ni moins que des sortes de robots endoctrinés incapables d’éprouver les émotions qui caractérisent les êtres humains.
Si George Orwell à l’époque dénonçait le stalinisme et le nazisme, je n’ai pas pu m’empêcher à ce niveau de faire un parallèle avec l’endoctrinement par les réseaux terroristes qui vident la cervelle de leurs recrues pour les convaincre d’accomplir des actes dans le mépris le plus profond de ce qu’est un être humain.
Petit aparté : je pense que la version graphique est une belle complémentarité au roman intégral mais qu’il serait dommage de ne lire que cette version, forcément très épurée par rapport au texte original.
« Dans un sens, c’est sur les gens incapables de la comprendre que la vision du monde qu’avait le Parti s’imposait avec le plus de succès. On pouvait leur faire accepter les violations les plus flagrantes de la réalité parce qu’ils ne saisissaient jamais entièrement l’énormité de ce qui leur était demandé et n’étaient pas suffisamment intéressés par les événements publics pour remarquer ce qui se passait. Par manque de compréhension, ils restaient sains.»
« Le problème est donc un problème d’éducation. Il porte sur la façon de modeler continuellement, et la conscience du groupe directeur, et celle du groupe exécutant plus nombreux qui vient après lui. La conscience des masses n’a besoin d’être influencée que dans un sens négatif. »
« Et les gens qui vivaient sous le ciel étaient tous semblables. C’était partout, dans le monde entier, des centaines ou des milliers de millions de gens s’ignorant les uns les autres, séparés par des murs de haine et de mensonges, et cependant presque exactement les mêmes, des gens qui n’avaient jamais appris à penser, mais qui emmagasinaient dans leurs cœurs, leurs ventres et leurs muscles, la force qui, un jour, bouleverserait le monde. »
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