
J’ai démarré cette lecture à l’instinct, sans en connaître ni le thème ni le véritable sujet. De Marguerite Duras, je n’avais lu que L’amant et j’avais moyennement aimé.
Or sans vraiment le chercher c’est le troisième livre en suivant que je lis sur le thème de la seconde guerre mondiale et de l’occupation allemande ! Le récit principal – ce livre contient plusieurs histoires et nouvelles – concerne un couple de résistants dont l’époux a été déporté en 1944 dans les camps de la mort nazis. Dès le début nous nous immergeons avec Marguerite dans la douleur de l’attente et du désespoir de retrouver un jour son compagnon. Nous comprenons peu à peu que même s’il revient, lui-même sera enseveli sous d’autres formes de douleurs relatives à l’indicible horreur de tout ce qu’il aura vécu et à une déchéance physique telle qu’elle lui permettra à peine de survivre. Il ne pourra plus être le même quoi qu’il en soit.
On ne présente plus l’écriture de Marguerite Duras, ses phrases courtes et percutantes, le rythme presque angoissant de son texte, les mots bruts et cette douleur donc, qu’elle nous envoie en pleine face, sans filtre.
C’est un livre fort, qu’on lit un peu en apnée, qui me confirme néanmoins que je ne suis pas totalement fan de cette auteure dont le talent et l’originalité ne sont plus à démontrer mais qui ne correspondent pas forcément à ma sensibilité.
« Ici l’espoir est entier, la douleur est implantée dans l’espoir. Parfois je m’étonne de ne pas mourir : une lame glacée enfoncée profond dans la chair vivante, de nuit, de jour et on survit. »
« C’est dans ce silence-là que la guerre est toujours présente, qu’elle sourd à travers le sable, le vent. »
« Les Allemands faisaient peur comme les Huns, les loups, les criminels, mais surtout les psychotiques du crime. Je n’ai jamais trouvé comment le dire, comment raconter à ceux qui n’ont pas vécu cette époque-là, la sorte de peur que c’était. »
« Tout à coup la liberté est amère. Je viens de connaître la perte totale de l’espoir et le vide qui s’ensuit : on ne se souvient pas, ça ne fait pas de mémoire. Je crois éprouver un léger regret d’avoir raté de mourir vivante. Mais je continue à marcher, je passe de la chaussée au trottoir, et puis je reviens à la chaussée, je marche, mes pieds marchent. »
« L’été est arrivé avec ses morts, ses survivants, son inconcevable douleur réverbérée des Camps de Concentration allemands. »