
La nuit sacrée est un roman de Tahar Ben Jelloun publié en 1987 qui a obtenu le prix Goncourt la même année.
On y découvre le destin d’Ahmed, une jeune fille marocaine dont le père a falsifié l’identité afin de la faire passer pour un homme aux yeux de tous, y compris au sein de sa propre famille.
C’est Ahmed devenue Zahra qui narre son histoire à partir du moment où à 20 ans, lors de la 27ème nuit du ramadan, son père meurt et la libère involontairement de sa prison.
Elle s’enfuit alors, quittant sa mère à moitié folle et ses sœurs inexistantes, et son périple commence. Il y sera question d’identité bien sûr, mais surtout de la place de la femme et du poids des traditions dans la société marocaine, tout au long d’une sorte de quête initiatique au cours de laquelle l’héroïne rencontrera bien des épreuves.
Les nombreuses allégories, l’exotisme et la poésie de l’ensemble ne forment cependant pas un conte de fées, loin de là. Certains passages sont très durs, crus et dérangeants. Il faut le talent de l’auteur pour nous emmener avec grâce jusqu’au bout de l’aventure, et on y arrive vite. J’ai lu ce livre en deux jours à peine. Cela a été pour moi une évasion palpitante, certes parfois en apnée , mais toujours teintée d’espérance. Zahra est si forte, jusqu’au bout !
À lire si vous aimez sortir de votre zone de confort 😉
« Cette soif de posséder et de consommer traduit chez nous un manque immense. Quelque chose d’essentiel nous manque. On ne le sait même pas. »
« Il y a une pénombre où une bonne vue pourrait à peine distinguer un fil blanc d’un fil noir. Si l’ambiguïté de l’âme avait une lumière, ce ne pourrait être que celle-là. »
« Votre histoire est terrible. Au fond, je ne sais pas si c’est votre histoire ou celle d’une conjonction qui nous dépasse tous, quelque chose qui découle en faisceaux de lumière de la Voie lactée, parce qu’il est question de lune, de destin et de déchirure du ciel. »