Et voilà, comme d’habitude, dès les premières pages la magie opère… Agnès Ledig possède décidément ce talent de vous attacher solidement à ses personnages et de ne plus vous lâcher, jusqu’à la dernière ligne !
Anaëlle est une jeune femme abîmée, tant physiquement que moralement et nous suivons pas à pas sa lente reconstruction à travers un bel échange épistolaire qu’elle initie avec Hervé, procureur de la République atypique qui se prend d’affection pour cet oiseau blessé. L’ébauche d’une tendre relation se noue alors, ce qui ne plait pas à la greffière d’Hervé, droite comme la justice, mais au fond terriblement seule et malheureuse.
En parallèle, nous retenons notre souffle pour Simon, cet enfant amoureux de la nature qui se bat contre une leucémie, et dont le grand frère Thomas, par ailleurs menuisier d’Anaëlle, prend soin comme de la prunelle de ses yeux, quitte à mettre sa propre vie entre parenthèses. Les destins se croisent, et nous rappellent avec force que la vie est précieuse et vulnérable.
Le rythme de ce livre est doux, harmonieux, comme une brise de printemps dans le feuillage des grands arbres. Poignant aussi, mais jamais définitivement triste. On trouve toujours une branche à laquelle se raccrocher, au sens propre du terme…
Moi qui aime tant la nature, je respire dans chacun de ses chapitres une vibration, un amour du vivant, un murmure… Les feuilles dansent, oui, et notre cœur aussi, en symbiose avec la valse lente de chacun des héros blessés de cette histoire où se mêlent brisures du destin et espoir de jours meilleurs. Car de l’espoir, dans les livres d’Agnès Ledig, il y en a toujours, et c’est pour cette lumière-là que j’aime tant cette écrivaine. Pour la poésie aussi, le style clair qui va à l’essentiel, au sens de l’essence… du mot, de l’humain.
Une jolie pépite que je vous invite à découvrir.
« Les petits morceaux de bois flottent, se rattrapent, se frôlent, se dépassent, tourbillonnent, plongent puis ressurgissent. Ils sont morts et pourtant bien vivants. En est-il de même de l’espèce humaine ? »
« La vie plus forte que tout. Celle qui crève le bitume. »