
Phénomène littéraire, l’œuvre de Sally Rooney continue de décrypter le désenchantement des jeunes adultes au 21ème siècle…
Alice est une écrivaine à peine trentenaire au succès soudain, ce que Félix ignore lorsqu’il la rencontre via Tinder. Il se comporte donc avec elle comme il l’aurait fait avec n’importe qui, ce qu’elle a l’air d’apprécier puisqu’elle l’invite à Rome pour la promotion de son dernier livre, voyage tous frais payés. Elle vient de traverser (traverse encore ?) une profonde dépression et partage régulièrement ses états d’âme par courriel avec Eileen, sa meilleure amie, qui le lui rend bien.
Eileen est brillante mais ne trouve pas sa place dans une société qu’elle a du mal à comprendre. Assistante dans un magazine littéraire, elle est sous-employée par rapport à ses capacités et semble s’en contenter. Fraîchement quittée par Aydan, elle retrouve le beau Simon, fantasme de son adolescence, pour une relation épisodique et dans un premier temps, non exclusive.
Très lucide et percutant, ce roman livre une analyse intéressante et riche de la société contemporaine, même si – comme pour Normal people de la même auteure – j’ai eu un peu de mal à m’attacher à ces personnages désabusés, centrés sur eux-mêmes et plus ou moins névrosés. Difficile aussi d’imaginer que toute une génération se retrouve dans ces errements, ou alors parle-t-on seulement de ceux dotés d’une intelligence supérieure à la moyenne ? si c’est le cas, force est de constater que c’est précisément ce qui semble les rendre malheureux…
Enfin, malgré quelques très beaux passages et la densité de l’ensemble, je ne suis pas hyper fan de ce style d’écriture très narrative, parfois dérangeante de réalisme tant elle détaille et expose tout à la lumière, comme le script d’un scénario.
Une critique en demi-teinte, donc…
Mais ce n’est que mon avis ! 😉