
J’ai sincèrement cru qu’il s’agissait d’une autobiographie tant le contenu collait au personnage !
Un monsieur de 82 ans nous raconte sa vie d’éditeur à la retraite, ses amis octogénaires, ses déboires avec l’informatique (cocasse !), ses petites misères de santé, son quotidien dont la lenteur ne l’exaspère plus comme au temps de sa jeunesse mais au contraire le réconcilie avec une certaine forme d’hédonisme, comme une valeur ajoutée qui sublime ce temps qui lui est désormais compté.
Alors bien sûr, la santé occupe de nombreux chapitres ; l’auteur croque avec beaucoup d’humour et une bonne dose d’autodérision les petites humiliations qu’il ressent à voir son corps et son cerveau perdre de leur superbe et parfois même lui faire défaut, suprême affront !
Néanmoins, la vieillesse ne ressemble pas à un naufrage lorsqu’on lit Bernard Pivot, plutôt comme l’aboutissement d’un long voyage, et une jolie mélancolie de voir apparaître bientôt le rivage.
« Alors que, toute ma vie, je me suis efforcé d’aller et de faire le plus vite possible, j’ai découvert sur le tard du charme à la lenteur. Comme si elle était à la fois un désaveu, une délivrance et même une récompense de la vitesse. Comme si elle se présentait comme un long et délicieux relâchement des muscles après des décennies d’efforts accélérés… »
« Ce temps est obscur, de durée incertaine, périlleux, à la fin meurtrier, et cependant passionnant parce que, si la vie y coule plus lentement qu’autrefois, si celle-ci charrie moins de pépites, il resplendit de la lumière du soleil couchant. »