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Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall de Gaëlle Fonlupt

Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall par Fonlupt

Je suis totalement sous le charme de ce livre à la fois profond, poétique, cru, tant pour le récit que pour l’écriture magnifique de Gaëlle Fonlupt.

C’est l’histoire de Louiza, photographe trentenaire et sans attaches, qui rencontre au Vietnam Nils, un jeune énarque dont la future carrière au sommet de l’Etat démarre à peine. Leurs différences les intriguent puis les rapprochent, dans un subtil ballet de séduction et un puissant désir réciproque.

Cinq ans plus tard, Lou est hospitalisée en psychiatrie.

Elle ignore pourquoi et subit la violence de son internement d’office comme un emprisonnement inhumain de son être tout entier. Ses pensées et ses souvenirs, tout ce qui constitue son identité propre, sont annihilés par la dose massive de psychotropes qui lui sont administrés quotidiennement. Ses tentatives de rébellion sont aussitôt étouffées dans l’œuf au moyen de contentions sévères. Schizophrénie ?

Peu à peu, grâce à une analepse brillamment construite, l’auteure nous dévoile au fil des pages qui sont Nils et Louiza et surtout quels liens se sont tissés entre eux, jusqu’au dénouement final.

Les innombrables références aux couleurs des tableaux de Chagall, ainsi que l’immersion dans les paysages somptueux de l’Indochine nous emmènent toujours plus haut dans les sphères de la beauté pure et de l’art, grâce à une poésie qui imprègne de douceur l’univers brut de Lou-Louiza.

⠀Un très beau livre que je vous recommande vivement !

« Beaucoup de fous, d’angoissés, de bipolaires, de mélancoliques, ne sont « fous » que par qu’ils égratignent l’ordre social, parce qu’ils ont jeté le masque en refusant de se vautrer avec les autres dans un divertissement dont ils voient toute la vanité, parce qu’ils savent qu’on les emmène à l’abattoir et refusent de tourner la tête. »

« L’amour est un lac et il a ton visage. Ça m’est tombé dessus comme ça. Ni une révélation, ni un coup de foudre. Juste une évidence, de l’ordre de l’inexorable, comme les avalanches sous le soleil d’hiver, comme la crue des rivières. »

« Je devine derrière l’homme pas encore fini, sous la pierre mal taillée, une âme ardente dont l’idéalisme rencontre mon envie d’absolu. Tu flottes en moi avec cette légèreté insistante des obsessions naissantes. »

« Je me reconnais dans tes mots, je ressens ce que tu évoques. Le temps s’échappe, liquide, entre nos mains tandis que nous entrelaçons nos enfances. »

« Tu te mets à parler avec une forme d’urgence. Les mots coulent, fluides, comme un flot soudain libéré. Je n’ose respirer tandis que tu te livres, de peur d’interrompre cette confession qui te transfigure : tu abandonnes ton masque d’élite un peu fière et ton visage s’illumine, comme celui d’un petit santon éclairé à la bougie. »

« Et peut-être que le sens de la vie c’est de retrouver ce qu’on savait quand on était enfant, tu ne crois pas ? Cette évidence qu’on a oubliée parce que grandir c’est composer avec des choses compliquées ; cette évidence qu’on passe ensuite une vie entière à rechercher ? »

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