Quel livre époustouflant ! Une fantastique ode à l’humanité à travers le destin bouleversant de ces paysans indiens ruinés par la sécheresse et partis en désespoir de cause chercher à Calcutta de quoi survivre. Passé le choc de la découverte de cette ville effrayante, ils doivent s’adapter malgré la famine qui menace à tous les coins de rue, la misère, le dépouillement le plus total sur un coin de trottoir que les miséreux se partagent dans l’attente de trouver mieux.
En parallèle, nous suivons l’extraordinaire Paul Lambert, un prêtre catholique français obsédé par l’idée de vivre avec les plus pauvres des pauvres, jusqu’à se fondre dans le décor de la Cité de la joie, l’un des plus grands slums (bidonville) de Calcutta. Il découvre alors les pires conditions de vie imaginables sur cette terre mais affronte courageusement la vermine, la boue, la chaleur écrasante, les odeurs immondes, les égouts à ciel ouvert, les rats… Il veut aider ses frères mais surtout leur donner les clés de la liberté. Il ne se contentera donc pas de leur porter une assistance temporaire, il se fondra dans leur communauté pour les éclairer de sa foi en eux. Et les plus pauvres, les plus malades, les lépreux défigurés et amputés lui rendront au centuple ce qu’il était venu chercher parmi eux : la lumière du monde.
Si vous ne l’avez pas déjà lu, je ne peux que conseiller cette œuvre poignante qui nous plonge littéralement au cœur de l’Inde dans toute sa misère et sa splendeur.
« Combien de fois Lambert s’émerveilla ainsi de découvrir avec quelle conscience et précision des médecins, pourtant débordés et ne disposant bien souvent que de bouts de papier de fortune, prescrivaient leur traitement aux plus démunis de leurs patients. Rien n’était entièrement pourri dans cette ville inhumaine. »
Victoire Sentenac 