Quelle écrivaine, décidément. Je n’ai pas lu tous ses ouvrages, mais je trouve qu’elle a une modernité et une sincérité d’écriture qui permettent de la lire sans aucune lassitude à n’importe quelle époque, peu importe l’âge que l’on ait.
Il s’agit ici d’un récit très court. L’âge de discrétion explore le passage des années lorsqu’on atteint la soixantaine, un âge délicat où l’on peut vite glisser du côté de ceux qui ne créent plus, qui n’ont symboliquement plus d’avenir, comme le laisse entendre André, son mari chercheur désabusé. Ou bien on peut aussi continuer d’y croire et se servir de son vécu pour transmettre encore et encore. Cette posture optimiste, celle de l’auteure au début de son livre, n’empêchera pas les écueils de la vie et sera mise à mal par celui en qui elle croyait le plus : son fils, qui désavoue littéralement ses valeurs.
Elle sombre alors, se bat, relève la tête et nous la suivons au gré de ses réflexions profondes et toujours d’actualité. Non, la vie n’est pas finie quand on a 60 ans 😉
« Autrefois je me berçais de projets, de promesses ; maintenant, l’ombre des jours défunts veloute mes émotions, mes plaisirs. »
« Mon passé donne de l’épaisseur au présent. Intellectuellement on domine mieux les questions ; on oublie beaucoup, d’accord, mais même ce qui est oublié reste à notre disposition, d’une certaine façon. »
« Au galop mes jours s’échappent et en chacun d’eux je languis. »