Un jour, j’aimerais être le porte-parole de ces enfants en mille morceaux, littéralement. De ces enfants dont le regard nous transperce de vérité et d’innocence, de ces enfants brisés.
Et qui sourient, pourtant, qui continuent de croire qu’un jour une main douce va les caresser, qu’ils ont encore le droit de rire et d’aimer.
Aujourd’hui je me suis occupée d’une petite fille de huit mois, un adorable bébé avec de grands yeux bruns, et ce petit sourire, rare, mais ô combien touchant… Et précieux.
Cette adorable petite fille est passée au scanner. Qui a révélé la présence de dix-sept fractures plus ou moins anciennes sur son petit squelette tout émietté. Dix-sept !
Alors voilà, ce n’est pas un billet très gai, évidemment. Mais là, ce soir, j’avais envie de parler d’elle. Et de tous les autres, bien sûr, parce qu’au même moment, dans un autre service que le mien, c’est un petit garçon de quatre ans qui a été admis pour des brûlures de cigarettes et autres gentillesses…
L’humanité est vraiment capable du pire comme du meilleur ! Bon, là on ne parle même plus d’humanité, je vous l’accorde.
Mais justement, au fond de toute cette misère humaine, les yeux des enfants brillent. Et vous n’imaginez pas comme ils sont beaux, et pleins d’espoir. Et pleins d’amour.
Alors voilà, même si ça ne sert à rien, même si mes mots sont vains, ce soir j’envoie ma plume vers eux.